CHAPITRE XIII
J’arrivai sur le palier où j’étais venue le premier matin. Je n’étais pas passée par là depuis, et je n’en avais pas eu la moindre envie. Le soleil entrait par la fenêtre en retrait et mettait des dessins d’or sur les boiseries sombres.
Il n’y avait aucun bruit. Je reconnus l’odeur de renfermé. Je ne savais de quel côté me diriger. La topographie de ces lieux ne m’était pas familière. Puis je me rappelai que Mrs. Danvers était sortie d’une pièce juste derrière moi, et il me sembla que ce devait être la pièce que je cherchais, celle dont les fenêtres donnaient sur la pelouse du côté de la mer. Je tournai le bouton de la porte et regardai. Il faisait sombre évidemment à cause des volets. Je tournai le commutateur en tâtonnant et fis de la lumière. Je me trouvais devant une petite antichambre, une penderie à en juger par les grandes armoires qui garnissaient les murs ; en face de moi, une autre porte, ouverte, donnait sur une pièce plus grande. Je m’y dirigeai et allumai l’électricité. Ma première impression fut un choc : la pièce était toute meublée et semblait habitée.
Je m’attendais à trouver des fauteuils recouverts de housses et des draps sur les tables. Il n’en était rien. Il y avait des brosses et des peignes sur la coiffeuse, des parfums, de la poudre. Le lit était fait, je vis l’éclat blanc de la taie d’oreiller et l’épaisseur d’une couverture sous le couvre-lit capitonné. Il y avait des fleurs sur la coiffeuse et sur la table de chevet. Des fleurs encore sur la cheminée sculptée. Une robe de chambre en satin était jetée sur un fauteuil près d’une paire de mules. Dans un instant, Rebecca allait revenir, s’asseoir à cette coiffeuse en fredonnant et passer ce peigne dans ses cheveux. Elle me verrait dans la glace, debout près de la porte. J’attendais immobile ce qui allait arriver. Ce fut le tic-tac de la pendule qui me rappela à la réalité. Les aiguilles marquaient quatre heures vingt-cinq. Ma montre disait la même chose. Il y avait quelque chose de rassurant dans le tic-tac de la pendule. Il me rappelait le présent et que le thé serait bientôt prêt sur la pelouse. J’avançai lentement vers le centre de la chambre. Non, elle n’était pas habitée. Les fleurs ne parvenaient pas à vaincre l’odeur de renfermé. Les rideaux étaient tirés, les volets fermés. Rebecca ne reviendrait jamais plus dans sa chambre. Mrs. Danvers avait beau mettre des fleurs sur la cheminée et des draps au lit, cela ne la ferait pas revenir. Elle était morte. Il y avait un an maintenant qu’elle était morte. Elle reposait dans la crypte de l’église avec les autres morts de Winter. J’entendais très distinctement le bruit de la mer. J’allai à la fenêtre et écartai le volet. Oui, c’était bien la fenêtre où j’avais vu Favell et Mrs. Danvers une demi-heure auparavant. Le long rai de lumière fit apparaître jaune et faux l’éclat de l’électricité. J’écartai un peu plus le volet. Le jour envoya un rayon blanc sur le lit. Il brillait sur le dessus de verre de la coiffeuse, sur les brosses et les flacons.
Le jour donnait un plus grand air de réalité encore à la chambre. Ses volets fermés, sous l’éclairage électrique, elle ressemblait davantage à un décor de théâtre, le rideau tombé pour la nuit et la scène prête pour le premier acte de la matinée du lendemain. Mais la lumière du jour donnait de la vie à cette chambre. J’oubliai l’odeur de renfermé et les volets clos des autres fenêtres. J’étais de nouveau une invitée. Une invitée non désirée. J’étais entrée par erreur dans la chambre de la maîtresse de maison. C’étaient ses brosses qui se trouvaient sur la coiffeuse, sa robe de chambre sur le fauteuil.
Je m’aperçus que mes jambes tremblaient comme des fétus. Je m’assis sur le pouf devant la coiffeuse. Je regardai autour de moi avec une morne stupeur. Oui, c’était une chambre magnifique. Mrs. Danvers n’avait pas exagéré, le premier soir. C’était la plus belle chambre de la maison. Cette exquise cheminée, ce plafond, ce lit sculpté, les tapisseries, même ce cartel au mur et ces flambeaux sur la coiffeuse, j’aurais adoré posséder toutes ces choses. Mais elles ne m’appartenaient pas. Elles appartenaient à une autre. Je tendis la main et touchai les brosses. Il y en avait une plus usée que ses sœurs. Je comprenais très bien cela. Il y a toujours une brosse dont on se sert davantage. Que mon visage était blanc et mince dans la glace entre mes cheveux raides et pâles !
Je quittai le pouf et touchai du doigt la robe de chambre. Je ramassai les mules et les tins dans ma main. J’étais pleine d’une horreur croissante qui confinait au désespoir. Je touchai le dessus-de-lit, suivis du doigt le monogramme brodé sur la pochette de satin étalée sur l’oreiller. J’en sortis la chemise de nuit abricot, légère comme une aile d’insecte. Je la posai contre ma joue. Elle était froide, toute froide. Mais un vague reste de parfum y logeait encore. Le parfum des azalées blanches. Je la repliai et la remis dans sa pochette, et, ce faisant, je m’aperçus, avec un douloureux pincement au cœur, que la chemise était chiffonnée, on ne l’avait pas repassée depuis qu’elle avait été portée.
Mue par une impulsion soudaine, je m’éloignai du lit et revins à la petite chambre où j’ouvris une des armoires. C’était bien ce que je pensais. Elle était pleine de robes, de robes du soir. J’entrevis l’éclat d’un lamé dépassant d’une housse. Je refermai les portes et revins dans la chambre.
Puis j’entendis un pas derrière moi et, en me retournant, j’aperçus Mrs. Danvers. Je n’oublierai jamais l’expression de son visage, triomphant, radieux, jubilant d’une joie étrange et malsaine. J’eus très peur.
« Vous désiriez quelque chose, madame ? « dit-elle.
J’essayai en vain de lui sourire. J’essayai de parler.
« Vous ne vous sentez pas bien », dit-elle d’une voix très douce en s’approchant de moi. Je reculai. Je crois que si elle m’avait touchée, je me serais évanouie. Je sentais son souffle sur mon visage...
« Je suis très bien, Mrs. Danvers, dis-je au bout d’un instant. Je ne m’attendais pas à vous voir. Quand j’étais sur la pelouse tout à l’heure, j’avais remarqué en levant les yeux qu’un des volets était mal fermé. J’étais montée voir si je ne pourrais pas le rajuster.
— Je vais le faire », dit-elle, et, traversant sans bruit la chambre, elle alla refermer le volet. Le jour avait disparu. La chambre semblait de nouveau irréelle sous l’éclairage artificiel et jaune. Irréelle et inquiétante.
Mrs Danvers revint près de moi. Elle souriait et son attitude au lieu d’être impassible comme d’habitude était devenue étonnamment familière, presque insinuante.
« Pourquoi m’avez-vous dit que le volet était ouvert ? fit-elle. Je l’avais fermé en quittant la pièce. C’est vous qui venez de l’ouvrir, n’est-ce pas ? Vous aviez envie de voir cette chambre. Pourquoi ne m’avez-vous pas demandé plus tôt de vous la montrer ? »
J’aurais voulu fuir, mais je ne pouvais pas bouger. Je continuais à regarder ses yeux.
« Maintenant que vous êtes ici, laissez-moi vous montrer tout, dit-elle d’une voix doucereuse, horrible. Vous aviez envie de la voir depuis longtemps, depuis que vous êtes ici ; mais vous n’osiez pas demander. C’est une jolie chambre, n’est-ce pas ? Vous n’en aviez jamais vu d’aussi jolie. »
Elle me prit par le bras et m’amena devant le lit. Je ne pouvais pas lui résister. Le contact de sa main me faisait frémir. Et sa voix était basse et intime, une voix que je détestais, qui me faisait peur.
« C’était son lit. Un beau lit, n’est-ce pas ? J’y laisse la couverture d’or, celle qu’elle préférait. Voilà sa chemise de nuit, dans la pochette. Vous l’avez touchée, n’est-ce pas ? « Elle sortit la chemise de son enveloppe et la déploya devant moi. « Touchez-la, prenez-la, dit-elle. Comme c’est doux et léger, n’est-ce pas ? Je ne l’ai pas lavée depuis qu’elle l’a mise, pour la dernière fois. Je l’avais disposée ainsi, avec la robe de chambre et les pantoufles, la nuit où elle n’est pas revenue, la nuit où elle s’est noyée. C’est moi qui faisais tout pour elle, ajouta-t-elle en reprenant mon bras pour me conduire vers la robe de chambre et les mules. Nous avons essayé plusieurs femmes de chambre, mais aucune ne faisait l’affaire. « Tu me sers mieux que tout le monde, Danny, me disait-elle. Je ne veux personne d’autre que toi. « Regardez, voilà sa robe de chambre. Elle était bien plus grande que vous, vous vous rendez compte. Mettez-la contre vous. Elle traîne par terre. Elle avait un corps splendide. Voilà ses mules. Elle avait des petits pieds pour sa taille. Mettez vos mains dans les mules. Vous sentez comme elles sont étroites ? »
Elle enfilait de force les pantoufles sur mes mains, souriant toujours en épiant mes yeux. « Vous n’auriez jamais cru qu’elle était si grande, hein ? dit-elle. Ces mules sont pour un tout petit pied. Elle était si mince, aussi. On ne se rendait pas compte qu’elle était si grande, tant qu’on n’était pas à côté d’elle. Elle était exactement de ma taille. Mais couchée là dans ce lit, elle avait l’air toute menue avec sa masse de cheveux sombres entourant son visage comme un halo. »
Elle reposa les mules par terre et remit la robe de chambre sur le fauteuil. « Vous avez vu ses brosses, reprit-elle en me conduisant à la coiffeuse. Les voici, telles qu’elle s’en est servi, non lavées depuis, intactes. Je lui brossais les cheveux tous les soirs. « Allons, Danny, corvée de brossage ! « disait-elle et, debout là derrière le pouf, je brossais pendant vingt minutes. Elle ne portait les cheveux courts que depuis quelques années, vous savez. Au moment de son mariage, ils lui descendaient jusqu’à la taille. M. de Winter les lui brossait dans ce temps-là. Combien de fois est-ce que je suis entrée dans cette chambre et est-ce que je l’ai vu en bras de chemise, une brosse dans chaque main. « Plus fort, Max, plus fort », disait-elle et elle le regardait en riant. Et lui faisait comme elle disait. C’était l’heure où ils s’habillaient pour dîner, la maison pleine d’invités, vous comprenez. « Là, je vais être en retard », disait-il en me jetant les brosses et en riant. Il était toujours rieur et gai dans ce temps-là. « Elle se tut, sans que sa main quittât mon bras.
« Tout le monde lui en a voulu quand elle s’est coupé les cheveux, repr-t-elle. Mais elle s’en moquait pas mal. « Ça ne regarde personne que moi », disait-elle. Et c’est vrai que les cheveux courts étaient plus pratiques pour le cheval et le bateau. On a fait son portrait à cheval, vous savez. Un artiste célèbre. Le tableau a été exposé au Salon. Vous ne l’avez jamais vu ? »
Je secouai la tête : « Non, dis-je, non.
— Il paraît qu’il a fait sensation cette année-là, continua-t-elle, mais M. de Winter ne l’aimait pas et n’en a pas voulu à Manderley. Je crois qu’il ne le trouvait pas digne du modèle. Vous voudriez bien voir ses toilettes, n’est-ce pas ? »
Sans attendre ma réponse, elle me conduisit dans la petite antichambre et ouvrit les armoires l’une après l’autre.
« C’est ici que je garde ses fourrures, dit-elle. Les mites ne les auront pas, j’y veille. Touchez cette cape d’hermine. C’était un cadeau de Noël de M. de Winter. Elle m’avait dit le prix, mais j’ai oublié. Et regardez ce chinchilla. Cette armoire-ci est pleine de ses robes du soir. Vous l’avez ouverte, n’est-ce pas ? La clef n’est pas tout à fait tournée. M. de Winter l’aimait surtout en lamé argent. Oh ! elle pouvait porter ce qu’elle voulait, toutes les couleurs lui allaient. Quand elle est morte, elle était en chandail et en pantalon, naturellement, mais la mer les lui avait arrachés et il n’y avait rien sur le corps quand on l’a retrouvé au bout de tant de semaines. »
Ses doigts serrèrent mon bras. Elle se pencha sur moi, ses yeux sombres cherchant les miens. « Les rochers l’avaient déchiquetée, vous comprenez, chuchota-t-elle, son beau visage était méconnaissable et elle n’avait plus de bras. M. de Winter a été à Edgecoombe pour l’identifier. Il était très malade en ce temps-là, mais il tenait à y aller. Personne n’a pu le retenir. Pas même M. Crawley. »
Elle se tut sans quitter des yeux mon visage. « Je m’en voudrai toujours de cet accident, reprit-elle. C’était ma faute, je n’aurais pas dû sortir ce soir-là. J’étais allée passer l’après-midi à Kerrith et ne m’étais pas pressée de rentrer, car Mme de Winter était à Londres et devait y rester très tard. Mais quand je suis rentrée vers neuf heures et demie, on m’a dit qu’elle était revenue avant sept heures, avait dîné, puis était repartie. Descendue à la plage, naturellement. Je me suis sentie inquiète. Le vent soufflait du sud-ouest. Elle ne serait jamais partie si je m’étais trouvée là. Elle m’écoutait toujours. J’aurais dit : « À votre place, je ne sortirais pas ce soir, le temps n’est pas sûr », et elle m’aurait répondu : « Bien, Danny, vieille trouble-fête. « Et on serait restées toutes les deux à bavarder, et elle m’aurait raconté tout ce qu’elle avait fait à Londres, comme d’habitude. »
J’avais le bras engourdi par la pression de ses doigts. Je voyais son visage tendu avec des petites taches jaunes près des oreilles.
« M. de Winter dînait chez M. Crawley, continua-t-elle. Je ne sais pas à quelle heure il est rentré. Après onze heures, toujours. Mais le vent s’est mis à souffler très fort juste avant minuit, et elle n’était pas revenue. Je suis allée frapper à la porte du cabinet de toilette. M. de Winter m’a répondu tout de suite : « Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que vous voulez ? « Je lui ai dit que j’étais inquiète à cause de madame qui n’était pas rentrée. Il a ouvert sa porte, en robe de chambre.
« Elle passe probablement la nuit à la maisonnette, m’a-t-il dit ; à votre place, je me recoucherais. Elle ne remontera pas jusqu’ici par ce temps. « Il avait l’air fatigué et j’ai eu peur de le déranger. Après tout, ce n’était pas la première nuit qu’elle aurait passée à la maisonnette et elle naviguait par tous les temps. D’ailleurs, rien ne me disait qu’elle était en mer. Elle avait peut-être simplement été dormir à la maisonnette pour se reposer des fatigues de Londres. J’ai dit bonsoir à M. de Winter et je suis allée me coucher. Mais je n’ai pas dormi. Je me demandais ce qu’elle pouvait bien faire. »
Je n’aurais pas voulu en entendre davantage. J’aurais voulu m’en aller, quitter cette chambre.
« Je suis restée assise dans mon lit jusqu’à cinq heures et demie, dit-elle, puis je n’y ai plus tenu. Je me suis levée, j’ai mis mon manteau et je suis descendue à la plage par le bois. Le jour commençait à se lever, mais il y avait une espèce de bruine ; le vent était tombé. Quand je suis arrivée à la plage, j’ai vu la bouée et le canot, mais le bateau était parti... Je voyais la crique sous la lumière grise du matin, je sentais les fines gouttelettes sur mon visage et je distinguais à travers la brume la forme indécise de la bouée. »
Mrs. Danvers lâcha mon bras. Sa voix avait perdu toute expression ; elle était redevenue sa voix sèche et mécanique de tous les jours.
« Une des bouées de sauvetage a été rejetée à Kerrith dans l’après-midi, dit-elle, et des pêcheurs en ont retrouvé une autre dans les rochers. La marée a aussi ramené des bouts de planche. »
Elle se détourna pour refermer un tiroir. Je la regardais et ne savais que faire.
« Vous comprenez, maintenant, dit-elle, pourquoi M. de Winter n’habite plus ces pièces ici. Écoutez la mer. »
Même les fenêtres closes et les volets fermés, f entendais le sourd murmure des vagues qui se brisaient sur les galets blancs de la crique.
« Il n’a plus habité ces pièces depuis la nuit où elle s’est noyée, dit-elle. Il a fait déménager ses objets du cabinet de toilette. Nous lui avons installé une chambre au fond du couloir. Je ne crois pas qu’il ait beaucoup dormi, même là. Il restait assis dans le fauteuil. Au matin, c’était plein de cendres de cigarettes tout autour. Et dans la journée, Frith l’entendait marcher de long en large dans la bibliothèque. De long en large, de long en large. »
Mrs. Danvers ferma doucement la porte entre la chambre à coucher et l’antichambre où nous étions, et éteignit la lumière. Elle traversa l’antichambre, posa la main sur le bouton de la porte et attendit que je la suivisse.
Ses manières étaient redevenues insinuantes, intimes, déplaisantes. Son sourire était faux.
« Un jour, quand M. de Winter sera absent, si vous vous ennuyez, cela vous fera peut-être plaisir de venir dans cette chambre. Vous n’aurez qu’à me le dire. C’est une si belle chambre. On ne croirait pas qu’elle est partie depuis si longtemps, à voir tout cela, n’est-ce pas ? On croirait qu’elle vient de sortir et qu’elle va rentrer ce soir même. »
Je souris d’un sourire forcé. Je ne pouvais parler. J’avais la gorge sèche et serrée.
« Et ce n’est pas cette chambre-ci seulement, dit-elle. Il y a plusieurs pièces comme ça dans la maison. Le petit salon, le hall, même le petit vestiaire. Je la sens partout. Vous aussi, n’est-ce pas ? »
Elle se tut. Elle continuait à épier mon regard. « Vous croyez qu’elle peut nous voir en ce moment en train de parler ensemble ? « demanda-t-elle lentement.
« Vous croyez que les morts reviennent et regardent les vivants ?
— Je ne sais pas, dis-je. Je ne sais pas. »
Ma voix était bizarrement tendue, je ne la reconnaissais pas.
« Je me le demande quelquefois, chuchota-t-elle. Je me demande quelquefois si elle revient à Manderley, et si elle vous voit ensemble, M. de Winter et vous. »
Là-dessus, elle ouvrit la porte du couloir. « Robert est rentré, dit-elle. Il est rentré depuis un quart d’heure. Il a ordre de vous servir le thé sous le marronnier. »
Elle s’effaça pour me laisser passer. Je trébuchai dans le couloir, je ne regardais pas où je marchais. Je ne lui dis rien, je descendis l’escalier sans regarder, je tournai le coin et franchis la porte qui menait à ma chambre dans l’autre aile. Je refermai la porte de ma chambre, tournai la clef, mis la clef dans ma poche.
Puis je m’étendis sur mon lit et fermai les yeux. Je me sentis affreusement mal.